I. Patrick Prémartin▲
Bonjour Patrick. Je suis membre de l'équipe Pascal du club francophone des développeurs et IT pro Developpez.com. Tout d'abord, nous serions intéressés par votre parcours. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Bonjour.
J’ai commencé l’informatique sur TO7 à l’occasion d’une colonie de vacances avec mon frère à l’été 1983. J’ai tout de suite accroché avec la programmation. À notre retour, nos parents ont eu la bonne idée d’acheter un TO7-70 et tout a commencé par là.
Mon frère était plutôt attiré par les jeux, moi par le codage. Le partage du temps devant l’ordinateur branché au téléviseur s’est plutôt bien goupillé. Assez vite, nous sommes partis sur du TO9, de l’Atari et de l’Amiga, comme beaucoup d’informaticiens de notre génération.
J’ai donc commencé l’informatique et la programmation en autodidacte avec les livres de Sybex, PSY, Marabout puis plus tard Micro Application, Campus Press et O’Reilly.
Après le BAC, j’ai choisi l’IUT d’Aix en Provence pour obtenir un diplôme dans ce qui me passionnait et faire carrière. C’est à cette occasion que j’ai découvert le Pascal.
Avec quels langages avez-vous travaillé ?
En trente-quatre ans de programmation, j’ai eu l’occasion de toucher à beaucoup de langages de développement. Je ne les citerai pas tous, mais les plus importants ont été le Basic 1.0 puis le Basic 128 de Microsoft sur TO7/MO5/TO9, l’assembleur 6809, 6809E et 68000 (codés à la main sur papier, puis à coup de peek et de poke), GFA Basic sur Atari, le Pascal avec Turbo Pascal et Delphi, et bien entendu des langages du web (PHP, HTML, CSS, JS).
Quels outils utilisez-vous aujourd'hui ?
Désormais, en programmation, je ne fais quasiment plus que deux choses : des sites web (plutôt côté backoffice ou web app) avec PHP/JS/HTML et des logiciels « natifs » avec Delphi pour Windows, Mac, iOS et Android.
Pour les technologies du web, j’en suis resté au génialissime Notepad++, même si les fonctionnalités de débogage d’éditeurs comme Eclipse me tentent de plus en plus.
Pour les développements non web, c’est donc du Pascal sous Delphi dans sa version Professional ou Entreprise depuis que je suis passé MVP chez Embarcadero.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer votre propre entreprise autour de Delphi ?
Créée en 2001, ma société Olf Software était plutôt orientée web avec du conseil, du développement, de l’édition et de l’hébergement de sites Internet. N’étant pas graphiste, je me suis concentré sur les back offices ou les applications web liées à des bases de données.
Le marché étant ce qu’il est, le web saturant en nombre de prestataires aux tarifs parfois délirants et ayant l’impression de trop souvent faire la même chose, j’ai été tenté par le développement mobile dès les premières versions d’iPhone et d’Android. Je me suis donc intéressé aux logiciels de développement de chaque plateforme avant de revenir à Delphi lors de la sortie de Firemonkey dans RAD Studio XE2.
Depuis quelques années, je développe de plus en plus d’applications mobiles et de logiciels Mac/Windows, le développement web associé se limitant généralement aux API et aux backoffices de gestion des données traitées sur smartphones ou tablettes.
Et comme je suis fan de Pascal et de Delphi, j’ai lancé mon blog sur lequel je publie régulièrement des trucs et astuces ou de mini tutoriels sur des points précis d’utilisation.
Je suis devenu MVP Embarcadero en octobre 2017 et depuis j’assure également des présentations techniques sur des meetups et des événements organisés par la société Barnsten (distributeur officiel des produits Embarcadero pour la France et le Benelux).
En janvier 2018, j’ai fait référencer ma société comme organisme de formation professionnelle et donne des formations inter-entreprises ou intra-entreprises sur Delphi entre deux missions de conseil ou de développement.
Quelles formations proposez-vous ? À qui s’adressent-elles ?
Ayant touché à pas mal de choses dans ma carrière, je peux donner des formations sur un peu tous les sujets liés au web ou au développement multiplate-forme, mais je me concentre pour le moment sur Delphi à travers des programmes de mise à niveau des anciennes versions vers les récentes ou d’apprentissage de Firemonkey pour les développeurs VCL ou Lazarus.
En intra-entreprise, je propose des programmes personnalisés en fonction des besoins réels de l’entreprise et de ses développeurs.
En inter-entreprises je propose plusieurs programmes d’une journée ou une semaine selon les cas, à dates fixes, sur Paris ou en province.
Les sujets qui reviennent systématiquement sont les processus pour s’habituer à travailler en asynchrone, le LiveBindings (pour lequel je recommande les excellents tutoriels de Serge Girard), bien entendu les bases de FireDAC, puis les changements du langage depuis les dix dernières années (méthodes anonymes, types génériques, helpers, etc.).
À propos du langage Pascal, pensez-vous que l'investissement de nos jours dans un langage comme Pascal ait un sens ?
Je suis toujours parti du principe qu’un langage ou un logiciel de développement n’est qu’un outil. Il faut partir des besoins et choisir l’outil le plus adapté dans la durée et la sécurité.
À l’heure actuelle, Delphi et le Pascal me semblent les mieux placés pour tout un tas de raisons dès lors qu’on veut faire du développement natif sur les plateformes gérées, à savoir Windows, macOS, iOS et Android.
Pour le moment, Linux est un peu la cerise sur le gâteau puisqu’on ne peut développer « que » des applications sans interface graphique (à part acheter une version Linux de FMX pour développer aussi des applications classiques). Cerise sur le gâteau qui est quand même bien pratique pour développer entièrement en Pascal les API liées à une base de données qu’on voudrait publier en ligne ensuite pour soi ou publiquement. Certains n’ont pas envie de se lancer sur du Python, du PHP ou du JS sur un serveur et veulent rester dans la même technologie de bout en bout. Je les comprends : Delphi est idéal pour ça.
Le Pascal est un langage facile à apprendre et à utiliser. Il existe des éditeurs variés pour l’utiliser sur tous les OS, même chose pour les compilateurs. On peut ainsi faire tout ce que l’on veut sans réelle limite.
C’est un langage créé en 1970. Il est solide et il sait évoluer pour reprendre les patterns modernes de programmation, les évolutions étant généralement poussées par Embarcadero dans Delphi avant d’apparaître sur les autres éditeurs et compilateurs.
Personnellement, je recommande d’utiliser Delphi pour faire du Pascal, mais il existe d’autres solutions comme Lazarus. Chacun a ses points positifs ou négatifs.
Delphi a l’avantage d’être fait pour du développement professionnel et comporte par conséquent de nombreuses bibliothèques et composants pour faire des applications professionnelles avec ou sans bases de données. Firemonkey est assez puissant pour faire des jeux casuals ou d’autres types plus graphiques, même en 3D comme le démontrent Grégory Bersegeay et Paul Toth dans leurs articles et vidéos.
Je parlais de pérennité : le Pascal est viable et sait s’adapter. C’est un langage globalement ouvert et son fonctionnement permet à ses utilisateurs de l’étendre à l’infini.
Pour la sécurité, on ne m’empêchera jamais de penser qu’un exécutable sera toujours mieux qu’un runtime avec une partie des sources « en clair ». Et ça notamment au niveau des applications mobiles pour lesquelles la plupart des outils multiplate-formes ne font en réalité qu’embarquer du JS dans un programme et ne masquent donc pas le code aux personnes sachant dézipper un IPA ou un APK.
Un petit mot de conclusion pour nos lecteurs ?
Quoique vous ayez lu ou entendu à propos de Delphi ou du Pascal, faites le test par vous-même : la version d’évaluation disponible sur le site d’Embarcadero est complète, limitée à 30 jours d’utilisation, et il existe également la version gratuite Community pour un usage commercial limité.
Si vous avez besoin d’informations supplémentaires ou de formations, n’hésitez pas à me contacter ici ou ailleurs. J’interviens régulièrement dans les forums relatifs à Delphi.
Et pour finir je n’aurai qu’un seul conseil : en programmation comme dans la vie, faites-vous plaisir !
Pour contacter Patrick sur developpez.com : ici.
Accès à son blog
Merci à Alcatîz, tourlourou, M.Dlb, Roland Chastain, pour leurs relectures techniques.